J’ai eu l’immense plaisir et privilège d’être invitée à découvrir les travaux de rénovation du Château Lamothe Bergeron dans le bordelais.
Quel lieu magique !
Je vous raconte tout ça…
C’est un château construit sur un « socle » afin d’être surélevé et de ne pas souffrir des risques d’inondations.
Ses pierres sont chargées d’histoires, le château était au Moyen Âge le siège d’une seigneurie de Cussac.
Il fût construit sur une « butte » ou « motte » d’où le nom : Château Lamothe.
C’est au XVIIIème siècle que la famille Bergeron devient propriétaire du domaine.
Jacques Bergeron, ancien parlementaire héritera du château de son père et se livrera à des expérimentations sur la culture de la vigne.
Il éditera des essais sur les engrais, sur la lutte contre les formations de dunes de sable, sur les insectes qui aident les vignerons dans leur lutte contre les maladies de la vigne…
Ses recherches de greffes des vignes donneront naissance à la « méthode Bergeron », méthode utilisée jusqu’au 20ème siècle.
Le nom de Château Lamothe-Bergeron n’apparait qu’en 1850, avec Monsieur d’Armana, nouveau propriétaire du domaine et époux d’une des descendantes Bergeron.
Il souhaitait profiter du prestigieux et réputé nom de Jacques Bergeron. Le vignoble fait à l’époque 25 hectares.
Au cours du 20ème siècle, le château changera plusieurs fois de propriétaire. Il sera classé Cru Bourgeois en 1932.
A la fin du 20ème siècle, le domaine appartient à la société Mestrezat.
Le vignoble est alors restructuré, l’encépagement rééquilibré et chouchouté, alors que le château lui est laissé à l’abandon.
Il sera pratiquement détruit par un incendie en 1957, il sera même pillé de ses pierres. On lui volera ses cheminées, ses balustrades. Un désastre.
2009, les maisons de Cognac H. Mounier et Hardy font l’acquisition de la propriété.
Monsieur Laurent Mery est alors nommé directeur général.
Il fait appel à Monsieur Hubert de Bouärd de Laforest pour la conduite du vignoble et des vinifications.
Le Château Lamothe-Bergeron obtient depuis, la reconnaissance Cru Bourgeois chaque année.
La propriété s’étend sur 77 hectares dont 67Ha de vignes.
C’est en 2015, après 18 mois de travaux, que la restauration du château est terminée.
La charpente reconstruite (en 57, suite à l’incendie) avec des poutres métalliques est mise en évidence et l’architecte (cabinet Gravière et Martin de Bordeaux) a choisi de les laisser apparentes, s’intégrant parfaitement à la décoration de la salle de séminaire du château.
Le château ouvre ses portes aux visiteurs, j’en ai fait parti.
Un espace de réception, une salle de séminaire, 4 chambres, les bureaux, l’office, une salle de dégustation et une boutique.
Tous ces espaces sont d’un haut standing. Ils ont été pensés pour offrir aux visiteurs un confort optimal.
Et j’avoue, j’en ai profité. Un vrai moment privilégié. Je crois que j’adorerai vivre au château 🙂
Mais il n’y a pas que le château… Il y a ce parcours initiatique ludique, pédagogique et original.
L’oenotourisme devient une offre incontournable..
Faire comprendre à tous, les différentes étapes de l’élaboration d’un vin. Sans rentrer dans des termes techniques ou professionnels qui nous feraient nous sentir inculte. Expliquer, raconter le vin différemment de ce que font les autres domaines.
C’est le challenge que Laurent Mery s’est imposé. Et qu’il a réussi haut la main.
Il a su concevoir une visite unique dans le monde du vin qui commence au château (une légende raconte que Jacques Bergeron vit toujours là, et que l’on peut le croiser dans les couloirs certains soirs)…
Un peu d’Histoire puis direction l’extérieur. On fait escale à l’Observatoire du terroir.
Magnifique cabane qui nous rappelle ces cabanes de guetteurs d’oiseaux migrateurs.
On peut s’asseoir un instant et se laisser porter par nos souvenirs d’enfance, à nos rêveries tout en admirant le vignoble, le terroir, la nature, les oiseaux.
On y déguste des « baies » de Cabernet Sauvignon et de Merlot.
Le Merlot, a une peau épaisse il s’impose pour la couleur. Il a déjà des parfums de fruits rouge, de mûres, de cassis…
Un merlot donne des vins fruités et ronds, aux tanins souples et fondus. On y retrouve des notes de fruits rouges.
Le cabernet sauvignon lui, est plus tannique et structuré. Ses arômes riches en épices, fruits noirs, poivron et parfois menthe.
Son rôle : apporter de la puissance aux vins. Il parfume les cuvées et apporte le caractère typique des vins rouges de Bordeaux.
L’initiation commence…
On comprend, rien qu’avec ces deux baies de raisin, qu’un subtil assemblage devra se faire plus tard. Et ça, pour notre plus grand plaisir.
Le Château Lamothe Bergeron est situé entre les terroirs de Margaux et Saint-Julien.
Il fait parti du cercle fermé des châteaux « qui regardent la rivière » (belle image…).
Grâce à un « sol magique » le raisin est chauffé par les pierres pleines d’histoires. Ce sol assure un drainage parfait et, à l’arrivée, aide à la fabrique de la finesse de ces vins qui nous enivrent de façon divine (l’abus d’alcool… on connait la suite …hein !).
Puis la visite nous emporte dans un cuvier illuminé comme dans un rêve.
Une animation grandeur nature nous transporte comme si nous étions la baie de raisin.
Une vidéo est projetée sur une cuve miroir.
Nous parcourons son cheminement depuis les vendanges jusqu’à sa transformation en vin.
C’est simplement génial (je n’ai pas pu voir cette vidéo grandeur nature, le projecteur étant éteins pour le protéger lors des refroidissements de cuves, mais j’ai vu la vidéo quand même…).
Nous avons eu le privilège (encore un…) de déguster le « cru 2016 ». Juste en cuve depuis quelques jours… Très étonnant. Il n’y a que les connaisseurs qui peuvent y trouver bonheur.
Ce n’est pas encore du vin, et ce n’est plus du jus de fruits… Bien sur, il n’y a que les professionnels qui goûtent ce genre « liquide ».
Mais revenons à la vidéo et autres folies technologiques utilisées sur ce domaine.
Une image vaut 1000 mots en communication.
Nos arrivons dans une salle noire.
Laurent Mery et Hubert de Bouärd de Laforest apparaissent sur une paroi vitrée, et nous expliquent comment ils font leurs assemblages.
Ils échangent avec humour et gourmandise.
On est avec eux… C’est magique et nous voilà propulsés dans l’univers du vin à l’aide d’une scénographie qui utilise les dernières technologie : hologramme, son, lumière, projection, vidéo…
Un concept tellement novateur. Jamais pareil parcours initiatique n’avais été pensé. La réalisation est superbe et expliquée de façon pédagogique et ludique.
Derrière ces hologrammes se cachent le précieux chai à barriques. On aimerait emporter une de ces barriques chez soi…
La visite continue au sous-sol du château, en salle de dégustation.
L’architecte, là-aussi, a mêlé installations modernes et pierres apparentes. ce qui rend cet espace très accueillant. J’adore ce mélange des styles. j’ai un peu de ça chez moi aussi… (mais ce n’est pas un château…)
Une table ronde lumineuse « nous tend les bras » (♪ chevaliers de la table ronde,♫ goûtons voir si le vin est bon ♫).
Nous arrivons au moment tant attendu. La dégustation.
Nous avons eu le privilège (un de plus) de faire une dégustation verticale en ces lieux imprégnés d’Histoire.
Une verticale, c’est quoi ?
Ce n’est pas : boire debout ! NON !
Une verticale, c’est déguster un même vin mais sur plusieurs Millésimes (Millésimes = années).
A l’inverse, une horizontale : c’est boire plusieurs vins mais du même Millésime.
Je vous invite à lire mon fabuleux article sur la dégustation du vin
C’est étonnant une verticale. C’est là qu’on comprend TOUT.
Avant j’avais du mal à saisir qu’un même vin d’une année sur l’autre pouvait être différent.
Il suffit qu’une année soit pauvre en eau, ou en ensoleillement et là tout bascule, c’est le drame..
Je vous vois sourire et vous moquer… Je ne suis pas œnologue ou sommelière. J’aime boire du bon vin, c’est tout.
Et je partage mes découvertes.
On peut percevoir des différences, aidé de spécialistes on arrive à mettre les mots sur ce que l’on teste. Ils ont le vocabulaire pour…
J’ai adoré cette expérience gustative.
J’ai déjeuné et dîné au château. Je pense que Jacques Bergeron n’était pas très loin de nous…
Des accords mets et vins réalisés par d’excellents restaurateurs locaux.
Tout était exquis.
Je vous donne le menu, histoire de vous faire saliver un peu…
Déjeuner
Amuses bouche, avec un Pineau Reynac Extra Vieux (du miel ! un régal)
Oeuf de poule parfait, potimarron et perle, mousse de lait , jambon grillé avec un Château Lamothe-Bergeron 2010
Filet de cannette rôti, déclinaison de légumes jus de miel et soja. Avec un Château Lamothe Bergeron 2006 (♥)
Crème brûlée lavande et tuile amande.
Dégustation de cognac.
Dîner
Amuses bouche, avec un Pineau Reynac Extra Vieux (le même régal)
Saint-jacques crues et cuites,bouillon mousseux aux châtaignes et feuilleté croustillant. Avec Château Sainte-Marie Entre deux mers 2015.
Carré de cochon Basque rôti, radis Daiikon et salsifis confits à la Nippone avec un Château Lamothe Bergeron 2009.(♥♥)
Baklavas aux pralines et thé vert matcha.
Dégustation de cognac
(ouais, on s’ennuie pas je sais 🙂 …)
La qualité de l’accueil, l’originalité du parcours ont été récompensé par un « Best Of WineTourism 2016″ (catégorie Découverte et Innovation).
C’est grandement mérité.
Félicitations.
Mille mercis pour votre accueil.
Contact Château :
49 chemin des Graves
33460 Cussac Fort Medoc
+33(0)5 56 58 94 77
www.lamothebergeron.fr
Il existe 3 vidéos superbes sur youtube ici
N’hésitez pas à les regarder.